Fiesta RS Turbo (1990-1992)

ford fiesta rs turbo


LA DERNIERE CHANCE...


Arrivant en plein déclin des petites GTI, la Fiesta Turbo entendait bien s'imposer à la tête d'une catégorie dominée depuis trop longtemps par la 205 et la Golf. Ford misait pour cela sur un style aguicheur, un équipement complet, une puissance supérieure et un prix de vente modéré...

 

Basée sur la 3ème génération de Fiesta, la RS Turbo est l'ultime évolution sportive d'une généalogie démarrée avec la Fiesta XR2 en 1981. Elle en reprend d'ailleurs comme base mécanique le 1.6, suralimenté comme dans l'Escort RS Turbo, pour faire face aux nouvelles reines du segment des petites GTI : la Renault 5 GT Turbo et la Peugeot 205 GTI 1.9L. Une partie pas gagnée d'avance...

 

DESIGN


Assurant le rôle de sportive au sein de la gamme Fiesta, la Turbo se place au-dessus de la XR2i et en reprend quasi intégralement la présentation sympathique, un équipement complet et surtout un prix compétitif. Bref, tous les arguments commerciaux de Ford sont encore une fois réunis pour tenter d'accrocher le succès rapidement. Le PDG de Ford à l'époque la présente à la presse comme "surpuissante". Le décor est planté, ça promet ! Effectivement si on s'en fie à son style exacerbé, la sportivité semble de mise : Boucliers larges, deux paires antibrouillard + longue portée (rien que ça !), jantes en alliage et pneus tailles basses, élargisseurs d'ailes avec juppes latérales, grosse sortie d'échappement, petit becquet et grilles d'extracteurs d'air sur le capot. La totale côté look pour mieux séduire une clientèle jeune et autant soucieuse de son image que du réel niveau d'efficacité de l'engin. Les coloris disponibles sont à l'avenant, rouge, noir, gris et blanc.

 

HABITACLE


Au premier coup d'oeil, l'habitacle se montre mieux fini et plus sérieusement assemblé que celui d'une 205. Même si les plastiques restent d'une qualité assez basique, la Fiesta ne donne pas cette impression très française que tout va se détacher sur mauvaise route. Mais en revanche, il manque une instrumentation à la hauteur. En effet, trop peu de manomètres permettent de surveiller une mécanique bouillante, au sens propre comme au figuré. Sans parler du graphisme des-dits cadrans, digne d'un utilitaire. Ah, le charme des années 80... En revanche les sièges signés Recaro recouverts de velours offrent un bon maintien et l'équipement était comme à l'habitude de Ford, généreux (pour l'époque...). Ainsi vitres teintées à commande électriques, rétros réglables de l' intérieur et fermeture centralisée sont fournis. En option, comme sur notre modèle d'essai, le client pouvait ajouter le toit ouvrant intégré à ouverture manuelle. On regrette pourtant l'absence de direction assistée qui rendrait les manoeuvres moins pénibles...

 

MOTEUR


Le 1.6L turbo de la Fiesta développe 133 ch à 5500 tr/mn et un couple généreux de 18,7 Mkg. Déjà connu sur la XR2i le bloc reçoit une injection électronique et un petit turbo Garrett T02 avec échangeur, ce qui le différencie du moteur de l'Escort turbo qui possède, elle, un Garett T03. Les réglages d'injection et d'allumage sont aussi légèrement différents. A l'usage cette mécanique est très agréable. Souple, puissant et disponible sur une large plage d'utilisation le moteur turbo dans une caisse légère fait des étincelles ! Un caractère bouillant mais moderne qu'elle partage avec la Fiat Uno turbo ie. Très nerveuse sur les premiers rapports (patinage garanti !) la Fiesta RS Turbo excelle surtout en reprises où son couple disponible à mi-régime fait des merveilles. Jamais le temps de réponse du turbo ne vient gêner la conduite qui se rapproche de celle d'un bloc atmosphérique de plus grosse cylindrée, comme le 1.9 de la 205 GTI. Seuls regrets concernant ce moteur : sa sonorité trop discrète et pas spécialement mélodieuse de l'intérieur et un manque de brio passé les 5500 tr/mn. Les performances sont du reste excellentes, à l'inverse de la commande de boîte, floue et accrocheuse. Comme le confirme le chronomètre, la puissance et le couple font la différence. 209 Km/h en pointe, 28"9 pour franchir le 1000 m DA relevés par le magazine Echappement, la Fiesta écrase la concurrence malgré un poids plus élevé et une motricité franchement médiocre.

 

SUR LA ROUTE


Le châssis déjà peu efficace de la Fiesta XR2i pouvait laisser planer quelques doutes sur le comportement de la Turbo. Même punition, en pire ! Malgré toutes les critiques formulées dans la presse concernant la précédente version, on retrouve mis en avant sur cette version les défauts récurrents des Fiesta sportives dès les premiers kilomètres. Pourtant la partie trains roulants a été sensiblement retravaillée mais sans miracle à la clé. Direction toujours trop démultipliée (3 tours 3/4 de butée à butée) et démultiplication variant avec le braquage, géométrie du train avant modifiée (angle de chasse et de carrossage), suspension arrière affermie (- 20% de flexibilité) et dotée d'une barre antiroulis de 16 mm (et 24 à l'avant), assiette abaissée de 10 mm, tarage revu et pneus plus sportifs. Au final, l'amortissement plutôt dur et inconfortable fait bonne impression tant que la route est belle. Par contre les routes bosselées arrivent rapidement à dissuader le pilote d'augmenter l'allure... De même en courbe la Fiesta Turbo est difficile à dompter. En entrée de virage c'est l'arrière qui décroche assez facilement sur un transfert de charge. Bien. Après les choses se gâtent : à l'accélération le train avant se trouve très vite débordé et la Fiesta tire tout droit... Vu que la direction se raffermit avec l'angle et que le train avant n'est pas du genre "mordant", mieux vaut rester bien cramponné au guidon et ne pas lésiner sur la musculature des biceps ! Bref, la Fiesta Turbo c'est du sport, du vrai. Mais pas dans l'efficacité et la sérénité la plus complète... La motricité trop souvent dépassée par la cavalerie en raison d'une monte pneumatique sous-dimensionnée et d'un couple débordant entraînant des réactions brutales difficilement contrôlables. Certes cela ne manque pas de caractère mais on regrette vraiment l'absence du différentiel autobloquant dont bénéficiait l'Escort Turbo. Le freinage à disques ventilés à l'avant contraste avec les vieux tambours montés à l'arrière. Sur une sportive de 133 ch, ça n'est pas de nature à rassurer non plus même si l'efficacité se montre correcte tant qu'on ne les sollicite pas trop longuement. Le freinage "SAB" optionnel (ABS mécanique) sera quant à lui à éviter de préférence si vous envisgaez un réel pilotage au volant. Autant dire qu'il est dur d'apprivoiser le fauve et que la Fiesta RS turbo peut se révèler délicate à maîtriser dans certaines situations pour un conducteur novice. Si en revanche vous arrivez à vous accomoder de ses défauts, vous découvrirez une anti-GTI vraiment pleine de caractère.

 

ACHETER UNE FORD FIESTA RS TURBO


Rare sur le marché en bon état et d'origine, la Ford Fiesta Turbo conserve une cote désormais stable, située autour de 3000 € pour un modèle répondant à nos critères. Hormis les inconditionnels de la marque, elle s'adresse aux amoureux de petites bombinettes à sensation des années 80 qui ne sont pas forcément à la recherche de l'efficacité ultime en matière de tenue de route. En contrepartie, on dégustera au volant de ce Youngtimer la force d'un moteur turbo qui répond vigoureusement à la moindre relance. Plutôt robuste, la Fiesta RS pêche par les mêmes défauts que ceux émis à l'encontre de la Fiesta XR2i, à savoir une mécanique certes endurante mais qui requiert un entretien suivi. Les vidanges doivent être faites en huile de synthèse, ce qui était encore cher et rebutait les propriétaires les moins fortunés. C'est hélas, le sort de toutes les sportives à petit prix, elles finissent dans les mains de propriétaires peu soigneux et peu enclins à mettre la main au portefeuille pour leur offrir l'entretien qu'elles méritent. Il est ainsi aujourd'hui quasiment impossible de trouver une Ford Fiesta RS Turbo qui possède toutes les factures permettant d'attester de son suivi. Bien finie pour son époque, la Fiesta Turbo est pourtant une voiture agréable à vivre, vive et plutôt confortable. Les moteurs finissent tous par consommer de l'huile, à cause d'une faiblesse connue au niveau des joints de queues de soupapes et le joint de culasse ne supporte pas très bien les surchauffes répétées dans l'étroit compartiment moteur mal ventilé. Par ailleurs, les amortisseurs fatiguent rapidement et le train avant finit par émettre des bruits lorsque ses silent-blocs, assez "mous" d'origine finissent par rendre l'âme.

 

:: CONCLUSION

 
Sportive arrivée sur le tard dans une catégorie où les références étaient très dures à détrôner sans investissement conséquent, la Ford Fiesta Turbo ressemble à un produit non fini. C'est une Fiesta joliment présentée, équipée d'un moteur brillant mais mal desservi par un comportement routier manquant cruellement d'efficacité. La Fiesta Turbo se trouve aujourd'hui à bas prix sur le marché de l'occasion mais vous voilà prévenus !

 

Source L'automobile Sportive


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